| | Charles Sannat / billets d'humeur | |
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Charles Sannat / billets d'humeur par etudes.exterieures Sam 7 Mai 2011 - 17:36 | |
| Charles Sannat, chargé d'affaires à la BNP Paribas nous envoie les 3 articles suivants, pour publication sur le site Merci à lui qu'il nous excuse pour la présentation de son document word... que notre éditeur de postage publie sans respecter sa mise en page originelle . ************** Karl Marx….et la révolution Tunisienne.Comme le racontait Coluche, « c’est l’histoire d’un type, un type normal », enfin presque puisque la mise en application de l’idéologie et des thèses développées par ce « type » n’ont pas vraiment été une grande réussite économique et historique.Il s’agit de Karl Marx et c’est un homme des année 1850…. comme tous les vieux économistes dont on nous parle, d’Adam Smith et sa main invisible sensée « botter le cul des marchés » avec sa capacité d’autorégulation à Ricardo (théorie de l’avantage relatif) sont des économistes de la filature du coton et de la révolution industrielle.Economiquement ils sont aussi dépassés que le serait technologiquement une Ford T sur une autoroute française un jour de grand départ en vacances.Alors que vient faire Marx ? Surtout dans la révolution Tunisienne.Notre cher Karl a un jour fait un constat d’une très grande acuité et d’une très grande justesse historique en expliquant la notion d’infrastructures économiques et de Superstructures Politiques. Pour faire simple pour Karl Marx, c’est l’infrastructure économique qui conditionne à terme la superstructure politique et les institutions.C’est la vie quotidienne des gens, des entreprises et de tout ce qui constitue le corps social d’un pays qui conditionne l’évolution de ses structures politiques (mais également religieuses, philosophiques, etc…).On a entendu que la révolution du Jasmin était une révolution Internet, une « e-révoltion » en quelques sortes. En réalité Internet, le web 2.0, les forums, la blogosphère ou encore les réseaux sociaux comme facebook ne restent que de simples outils à la disposition des peuples, de la même façon que le fut la révolution de l’imprimerie avec Gutenberg en 1452.La révolution naît de l’utilisation par les masses de ces nouveaux instruments. Or que nous disent les masses de l’autre côté de la méditerranée ? Elles nous disent qu’elles ne supportent plus les « superstructures de leurs différents Etats ». Elles nous disent qu’elles n’en peuvent plus des régimes « forts » qualificatifs utilisés pour ne pas nommer une dictature …. dictature.Elles nous disent qu’elles souhaitent s’épanouir dans la Démocratie, revendiquent des droits et bien sûr une envie d’accéder au bien être matériel. Elles nous disent qu’elles n’en peuvent plus des ces vieillards qui les dirigent depuis des décennies entre culte de la personnalité et corruption généralisée.Elles nous disent que les superstructures de leurs Pays respectifs ne sont plus adaptées à la vie quotidienne des gens (du manque d’avenir économique confinant souvent à l’extrême pauvreté (Egypte) à la spoliation massive des peuples par des oligarchies).Elles nous disent que les peuples reprennent leurs destins en mains. Elles nous disent également qu’elles ne souhaitent ni l’islam intégriste ni toute forme d’extrémisme religieux qui leur volerait une liberté tout juste retrouvée (bien que le péril islamiste demeure).Un jeune garçon s’immole par le feu et des pays entiers s’embrasent.Des Pays du Golfe au Maghreb, partout les superstructures craquent sous le poids d’oligarchies et de systèmes dépassés.Le souffle de cette révolution démocratique ne s’arrête pas aux pays arabes.Aujourd’hui en Chine les appels à manifester se multiplient. Les autorités chinoises sont sur les dents. Rien ne dit que politiquement le gouvernement chinois pourra payer le prix d’un écrasement de la contestation dans le sang comme cela avait été le cas sur la place Tian'anmen. Or qu’adviendra t-il de la question Tibétaine sans répression ? Qu’adviendra t-il de la question Ouigour du Xinjiang sans répression ? La Chine peut connaître un bouleversement majeur et des secousses sociales d’ampleur insoupçonnée. Comme l’a indiqué le Directeur Général du FMI Dominique Strauss Khan, un mouvement populaire en Chine aurait des conséquences désastreuses pour l’économie mondiale. Qu’en sera-t-il de l’Inde et de sa société ancestrale basée sur le système des castes ?Evoquons enfin l’Europe et les Etats-Unis que tous les observateurs pensent à l’abri de tels mouvements. Est-ce si sûr ? Nous pourrions connaître des difficultés similaires mais pour des raisons différentes.Le refus du peuple Islandais de se laisser dicter sa conduite par le FMI et les banques Britanniques, le refus Irlandais matérialisé par une déroute sans précédent du parti au pouvoir et ayant « négocié » avec l’Europe et le FMI le plan de soutien à leur pays sont deux exemples frappant. Que nous disent-ils ces deux peuples occidentaux et européens ? Nous ne payerons pas pour maintenir à flot notre oligarchie financière qui nous entraîne dans la faillite.Que dira le peuple Grec lorsque les citoyens Islandais et Irlandais obtiendront de meilleures conditions qu’eux ? Le peuple grec dira, nous ne payerons pas pour des erreurs que nous n’avons pas commises. Que dira le peuple Portugais qui supporte déjà des plans de rigueur ?Que dira le peuple Espagnol à qui l’on demande des sacrifices quotidien pour sauver les banques ibériques de la déroute de la spéculation immobilière qui ravage l’Espagne ? Que dira le peuple Britannique ? Que dira le peuple Allemand ? En ce début d’année 2010, les peuples des pays arabes ont lancés au monde un superbe espoir démocratique. L’onde de choc qui se propage n’en est qu’à son début et déjà les marchés s’affolent sur la montée des incertitudes.Le prix du baril de pétrole s’envole, sans qu’à ce jour le principal producteur (l’Arabie Saoudite) ne soit touché. Si c’était le cas, les prix seraient propulsés vers des sommets insoupçonnés. Or le Roi Abdallah est malade, tout comme la société Saoudienne, ou les autorités tente d’acheter la paix sociale avec un plan d’aide pour la population de plus de 30 milliards de dollars.La Chine est dans une situation très précaire socialement. Une transition vers plus de démocratie y est d’ores et déjà très complexe. C’est pourtant une suite logique, qui sera générateur de tensions énormes et augmente la probabilité d’un Krach boursier sur des niveaux de cours actuellement très élevé qui aurait des répercussions planétaires.Les peuples européens et occidentaux de façon générale commencent à refuser d’être tenus pour responsables des errements de la finance.Au bout du chemin peut être le refus populaire de payer des dettes pour lesquels personne ne se sent redevable, un Krach obligataire sans précédent et la ruine des créanciers.En 2007 une candidate à l’élection présidentielle parlait de la démocratie participative. Elle fût raillée à cette époque par ceux là même qui nous expliquaient la théorie du choc des civilisations et l’importance des régimes forts dans la stabilité du monde.Avoir raison trop tôt c’est souvent avoir tord. Pourtant en Islande la démocratie participative est expérimentée puisque après avoir défilées devant le Parlement avec des batteries de cuisine, le 27 décembre 2010, 25 personnes dont un syndicaliste, un pasteur, un metteur en scène, un agriculteur ont été élus par le peuple Islandais pour rédiger la nouvelle constitution de ce pays.Il est donc parfaitement imaginable que les superstructures des pays occidentaux soient amenées à évoluer de façons importantes dans les prochaines années, les peuples souhaitant être plus « acteurs » de leur citoyenneté. L’affaire Wikileaks est symptomatique de cette évolution vers une société plus ouverte, plus démocratique et moins secrète ou le peuple regarde ses dirigeants également dans ce qu’ils ont de composantes secrètes. Nous ne sommes pas à l’abri.Dans les pays occidentaux aussi existe la pression d’une jeunesse « technophile », éduquée et bien souvent au chômage. Nous ne sommes pas à l’abri.Dans notre pays il existe aussi une grande pauvreté enfin comptabilisée. Quelques chiffres qui font froid dans le dos. Notre population totale est d’environ 65 millions de personnes. La population active (les personnes en âge de travailler) est d’environ 25 millions de personnes. Sur ces 25 millions d’hommes et de femmes, environ 4 sont au chômage, 1.8 millions bénéficient du RSA (nouveau RMI), 6 millions travaillent et gagnent moins de 750€ par mois. La moitié de notre population active vit dans une grande précarité. Nous ne sommes pas à l’abri.Aux Etats-Unis, 43 millions de personnes ne survivent que grâce aux timbres de nourriture (Food Stamps). Ils ne sont pas à l’abri.L’inflation augmente au-delà de ce que les chiffres officiels indiquent. Nous serons aussi touchés par ce phénomène dans nos sociétés occidentales. Les parents peuvent nourrir leurs enfants sous nos latitudes. Certes, mais les budgets des ménages seront réagencés pour faire face aux dépenses incontournables au détriment d’autres poste amplifiant un risque récessif. Sans augmentation de salaire l’inflation appauvri. Là non plus nous ne sommes pas à l’abri.On peut cependant penser que nos sociétés démocratiques sont mieux armées pour faire face à ces évolutions car elles sont plus flexibles, plus adaptables, plus ouvertes.La révolution partant de cette petite Tunisie est sans doute un évènement historique qui aura une portée majeure dans l’évolution des superstructures de fonctionnement des Etats. Cela perturbera de façon importante les échanges et les « habitudes » économiques. Notre monde change et s’adapte à sa nouvelle modernité. Ce besoin de changement s’est cristallisé autours du sacrifice du jeune Boizizi incarnant une misère désormais globalisée et mondialisée.Si Karl Marx était un homme d’aujourd’hui ont peut raisonnablement imaginer qu’il dirait :« Internautes de tous les pays unissez-vous !»Charles Sannat,
Dernière édition par etudes.exterieures le Sam 7 Mai 2011 - 17:57, édité 2 fois |
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 | |  | Re: Charles Sannat / billets d'humeur par etudes.exterieures Sam 7 Mai 2011 - 17:49 | |
| Cygne Noir, ou Avis de coup de vent, suivi d’une tempête, pouvant se transformer en ouragan "Un cygne noir est l'illustration d'un biais cognitif (erreur dans la prise de décision ou de comportement adopté face à une situation donnée) . Si on ne croise et n'observe que des cygnes blancs, on aura vite fait de déduire par erreur que tous les cygnes sont blancs et c'est ce qu'ont, longtemps, cru les Européens, avant de faire la découverte de l'existence des cygnes noirs en Australie, au XVIIe siècle. En réalité, seule l'observation de tous les cygnes existants pourrait nous donner la confirmation ou l'infirmation que ceux-ci sont bien toujours blancs mais prendre le temps et les moyens d'observer tous les cygnes de la Terre avant de confirmer qu'ils sont tous blancs n'est pas envisageable. Il est donc préférable de faire la supposition hâtive qu'ils sont blancs, dans l'attente de voir la théorie infirmée par l'observation d'un cygne d'une autre couleur. Ainsi construisons-nous des raisonnements à partir d'informations incomplètes, ce qui nous conduit à aboutir à des certitudes erronées." La rapport de cette histoire avec l'économie et vos placements? Assez simple. Lisez la suite. - L'université du Texas prend de l'or pour sa trésorerie....Une information importante et passée totalement inaperçue est que l'université du Texas vient d'investir environ 1 milliard de sa trésorerie en or. Vous trouverez ci-dessous l'article de Bloomberg.Les membres du Board voient l'or "juste comme une autre monnaie qui ne peut pas subir une impression de billets supplémentaire".http://www.bloomberg.com/news/2011-04-16/texas-university-takes-cue-from-kyle-bass-to-hold-1-billion-in-gold-bars.htmlIl est à noter que cette université forme également des économistes.Alors que penser d'une telle stratégie? Simplement que de plus en plus de particuliers comme d'institutions commencent à avoir des doutes de plus en plus sérieux sur la pérennité du système économique mondial dans sa configuration actuelle.Pourtant, c'était impossible et inenvisageable. Mais ce n'est pas tout. Ces dernières semaines sont particulièrement riches en alertes. - Des taux à deux ans qui dépassent pour la première fois les 25% pour la Grèce. Cela signifie que la Grèce est peut être à quelques jours seulement d'un rééchelonnement de sa dette dans laquelle inévitablement les banques mondiales à commencer par les banques françaises laisserons quelques plumes. A titre d'information, c'est le Crédit Agricole qui est la banque la plus exposée au risque grec, l'ensemble des banques étant tout de même concerné.Pourtant, c'était impossible et inenvisageable. - La mise sous surveillance de la dette US par l'agence de notation Standard and Poor's,http://www.daily-bourse.fr/analyse-CAC-40-La-dette-Americaine-inquiete-vtptc-12567.phpPour ceux qui n'auraient pas encore compris ou qui ne souhaitent vraiment pas comprendre l'économie américaine reste la première économie mondiale. Un défaut de paiement US entrainerait le monde dans un chaos économique sans précédent. Les optimistes invétérés nous expliquent qu'ils n'y croient pas. Les mêmes d'ailleurs ne croyaient pas à un séisme d'une magnitude supérieure à 9, suivi d'un tsunami de plus de 15 mètres de haut, venant détruire 6 réacteurs d'une centrale nucléaire... et qui irradie un pays entier pour ne pas faire frémir avec une contamination entière de l'hémisphère Nord. Encore un triste Cygne noir.Pourtant, c'était impossible et inenvisageable. - Or qu'apprenons nous? que la Banque Morgan Stanley vient de faire un défaut de paiement volontaire de 3.2 milliards d'euros sur un immeuble qu'elle détient à Tokyo. En clair peut importe ma perte, je n'en veux plus de cet immeuble. Quel peut être le mobile d'une telle décision qui est une première historique pour cette "vénérable" institution? Pourtant, c'était impossible et inenvisageable.http://www.agefi.fr/articles/Un-fonds-Morgan-Stanley-defaut-Japon-1176159.html - Nous pouvons ajouter à cela que les CDS reflètent actuellement une anticipation d'annulation de la dette de certains pays européens pouvant atteindre les 75% (les CDS sont des "assurances" sur les risques de faillites).Pourtant, c'était impossible et inenvisageable. - Et puis il y a la Chine qui souhaite diversifier ses réserves en devises et faire diminuer de manière significative sa détention de Dollars américains. En effet, l'érosion d'une monnaie est un moyen pour ne rembourser ses dettes qu'en monnaie de singe dévaluée. Mais cela se fait au détriment du détenteur de cette monnaie. Nos amis chinois ne semblent plus vouloir être les dindons de la farce. http://french.news.cn/economie/2011-03/09/c_13767678.htmPourtant, c'était impossible et inenvisageable. - Plus dramatique, Mc Donald (les restaurants) ont lancé une grande campagne de recrutement proposant50 000 job en une journée. Des scènes pathétiques prouvant à quel point la situation de nombre de familles américaines est désastreuse. Pas loin de 3 millions de personnes se sont présentées pour obtenir un travail, certaines campant même la vieille pour être sûres d'être reçues. La situation a carrément virée au drame à Cleveland (voir la vidéo ci dessous).http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/64146/date/2011-04-21/article/a-cleveland-la-foire-a-lemploi-de-mcdonalds-vire-au-cauchemar/Pourtant, c'était impossible et inenvisageable. - Et enfin, plus léger, après l'initiative de Cantona notre footballeur les Maires s'y mettent aussi, enfin le Maire de la ville de Gand en Belgique en tout cas, qui vient de prendre la décision de retirer ses fonds de deux banques à savoir Dexia et KBC afin de protester contre les politiques de ces deux institutions et invite toutes les villes à suivre sont exemple...http://www.news-banques.com/la-ville-de-gand-retire-son-argent-de-deux-banques-pour-denoncer-les-bonus/012172486/Pourtant, c'était impossible et inenvisageable. il est évident que plus que jamais il est essentiel d'adopter une stratégie de placement particulièrement défensive. J'invite les particuliers à ,prendre leurs bénéfices éventuels sur les marchés actions et à sortir des marchés financiers. Une prudence toute particulière est recommandée en ce qui concerne l'ensemble des titres des sociétés d'assurance et des banques.Une part d'or d'environ 10% du patrimoine financier total est à envisager sérieusement afin de protéger ses actifs financiers. Il est également conseillé sauf dans une perspective spéculative de sortir des placements obligataires et à commencer par le premier d'entre eux à savoir les fonds euros des contrats d'assurance vie. Ces fonds euros sont en très grandes majorité (environ 75%) composés de dettes souveraines c'est à dire d'obligations d'Etats. Je ne sais pas si vous avez vu, mais je trouve que ces derniers temps nous croisons de plus en plus de cygnes noirs. Or comme tout le monde le sait les cygnes sont blancs.... jusqu'à preuve du contraire. Charles SANNAT sannatcharles@yahoo.fr |
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 | |  | Re: Charles Sannat / billets d'humeur par etudes.exterieures Sam 7 Mai 2011 - 17:52 | |
| Jean-Claude Trichet est-il devenu fou? Interrogé il y a quelques semaines sur France Inter, Marc Touati économiste, n'a pu s'empêcher de qualifier la BCE de Banque Contre les Etats lorsque que le Gouverneur de la Banque Centrale Européenne a annoncé qu'il portait les taux directeurs de 1% à 1.25% et que ce mouvement de hausse se poursuivrai vraisemblablement jusqu'à un niveau 1.75% d'ici la fin de l'année selon le consensus.Deux politiques monétaires différentes semblent se dessiner entre l'Europe et les Etats-unis. L'objectif officieux de la FED la banque centrale américaine: éviter à tout prix la récession et éventuellement la faillite. La poursuite d'une politique de taux d'intérêt bas ce qui signifie une politique monétaire accommodante, vient d'être actée par les autorités monétaires américaines. Elle est renforcés par la stratégie utilisée aux Etats-Unis par Ben Bernanke le gouverneur de la FED (banque centrale américaine) qui vient de confirmer lors de sa dernière conférence de presse sa volonté de mener jusqu'à son terme (c'est à dire à l'été 2011) son "quantitative easing II". Pour ceux qui ne le sauraient pas, le quantitative easing est une expression savante signifiant simplement que l'on fait fonctionner la planche à billet et que l'on inonde le monde de Dollars.La Réserve Fédérale américain rachète carrément les obligations émises par le gouvernement US afin de financer ce dernier et d'empêcher toute remontée des taux qui pourrait précipiter l'économie de l'Oncle Sam vers la faillite. C'est ce que l'on nomme pudiquement la monétisation de la dette (pour financer chaque nouvelle dette on créer la monnaie correspondante). Or que constate t-on aux Etats Unis? 1/ Malgré des dépenses de "relance" phénoménales la croissance reste à la peine et le niveau de chômage réel très élevé (les derniers chiffres connus montrent même une augmentation)2/ Une dépréciation importante du Dollar par rapport à l'ensemble des autres devises majeures (Euro, Yen, Franc Suisse) et par rapport aux grandes matières premières est en cours (pétrole, or, etc)3/ Malgré les dénégations de Ben Bernanke le gouverneur de la FED, l'inflation, particulièrement celle importée (celle qui est la conséquence de l'augmentation du pétrole par exemple) est très clairement orientée à la hausse sans que cela ne l'inquiète.Pourquoi? Car selon notre gouverneur américain l'inflation sous jacente elle n'augmente pas. Arrêt sur image concernant ces deux notions d'inflation. L'inflation sous jacente est calculée en ne tenant pas compte des prix de l'énergie.... ils peuvent augmenter autant qu'ils veulent, ils ne sont pas intégrés dans le calcul. Or c'est sur la base de l'inflation sous-jacente que Ben Bernanke fonde son analyse économique. L'inflation sous jacente prend en compte simplement l'évolution des coûts de production et le couple offre/demande. Il est évident que dans un contexte de délocalisations vers les pays à bas coûts et d'augmentation de la productivité grâce aux progrès techniques, auxquels s'ajoutent des capacités de production excédentaires (couple offre/demande déséquilibré en faveur de l'offre plus importante que la demande solvable) il est peu probable que cette inflation là pose un véritable problème économique. Les coûts de production et les salaires sont tirés vers le bas. On pourrait presque résumer la situation en disant: "Tant que les salaires n'augmentent pas, l'inflation n'existe pas". Cette politique monétaire laxiste risque donc d'aboutir aux résultats suivants: 1/ payer moins cher la dette accumulée en payant en dollars dévalués et en "ruinant" au passage dans une mesure plus ou moins importante les épargnants détenteurs de dettes US (si tout se passe bien).2/ éviter l'asphyxie de l'économie américaine par une politique "récessionniste" comme celles appliquées actuellement en Grèce ou au Royaume-Uni (où d'après les premières statistiques les revenus ont baissé en moyenne de 1000€ par ménage depuis la mise en œuvre du plan de rigueur initié par le Premier ministre Britannique) au prix d'une dévaluation massive de la valeur du dollar. 3/ diminuer drastiquement le revenus des ménages américains en raison du double phénomène conjugué de l'inflation importée et de la baisse de la monnaie US. Les conséquences sont assez simples à prévoir. Lorsque le dollar aura été fortement dévalué et l'inflation importée suffisamment importante sans augmentation de salaire possible cela aboutira à une récession forte et violente en raison d'une diminution du pouvoir d'achat, les ménages ne pouvant plus consommer et la demande s'effondrant en entrainant une baisse significative des rentrées fiscales qui viendront achever des finances publiques déjà dans une situation très périlleuse. Le seul pari de Ben Bernanke est donc de maintenir une politique monétaire la plus accommodante possible en espérant un retour de la croissance qui pourrait effectivement changer la donne. Bref la FED tente de gagner du temps en l'achetant de plus en plus cher pour un résultat espéré plus qu'incertain.Rien ne dit qu'il puisse gagner ce temps. La mise sous surveillance de la note de la dette US par l'agence de notation Standard and Poor's est la parfaite illustration de la montée des doutes sur les capacités même de la première économie mondiale à honorer le paiements de sa dette désormais colossale. Revenons maintenant de notre côté de l'atlantique. L'objectif officieux de la banque centrale européenne la BCE: éviter à tout prix une hyperinflation pouvant mener à un mauvais "remake" des années 20 dans une Europe hantée par le spectre de la République de Weimar. Jean-Claude Trichet montre donc son volontarisme à revenir à plus d'orthodoxie monétaire en mettant fin aux programmes de création monétaire. En clair pas de monétisation de la dette. Pas de création monétaire hors de contrôle et une maîtrise à minima de la planche à billet. Enfin la montée des taux d'intérêt vise à limiter l'effet de l'inflation importée par le double mécanisme de la baisse de la demande et de l'appréciation de notre monnaie qui aura pour effet de diminuer notre prix d'achat de pétrole par exemple. Or cette politique risque de buter sur 4 écueils majeurs: 1/ Augmenter les taux d'intérêt trop fortement c'est étouffer directement l'investissement et donc la reprise "naissante" en Europe (il n'y a pas de reprise au Royaume-Uni, ni en Grèce, ni en Espagne, ni au Portugal, encore moins en Irlande...). 2/ Augmenter les taux c'est renchérir le coût de financement d'Etats déjà surendettés.3/ Augmenter les taux lorsque les prix de l'immobilier sont sur des niveaux "stratosphériques" c'est prendre le risque quasi assuré d'une explosion violente de la bulle immobilière, dans l'ensemble de la zone euro, ce qui aurait pour conséquence de mettre les banques dans une situation critique compte tenu de leur encours de crédits immobiliers.4/ Augmenter les taux c'est favoriser la hausse de l'euro par rapport aux autres devises, à commencer par le dollar qui lui se dévalorise d'autant que la politique actuelle est hyper accommodante. Cela va très rapidement étouffer nos exportations et donc notre croissance. C'est l'ensemble de ces éléments qui ont littéralement fait bondir l'économiste Marc Touati. Mon intime conviction économique est que Jean-Claude Trichet ne peut que connaitre l'ensemble de ces éléments. C'est pour cela que ce cycle de remontée des taux sera très certainement de courte durée et que l'objectif de taux de 1,75% à 2% semble bien être un maximum tout en sachant que ce sont des taux qui demeurent historiquement extrêmement bas. Là aussi le Gouverneur de la Banque Centrale Européenne tente de gagner du temps afin d'éviter l'implosion de la zone euro, devant faire le grand écart entre les difficultés des pays du Sud et la volonté de rigueur monétaire germanique. En réalité la lutte contre l'inflation n'est qu'un alibi. Le véritable enjeux est la survie même de l'Euro et de sa valeur en tant que monnaie pérenne. Or nous sommes dans une impasse que tout le monde se refuse à admettre. Il ne peut pas y avoir de retour à la croissance dans un monde globalisé ou un chinois continu à percevoir 80€ de revenus mensuel là ou un européen ou un américain coûte au minimum 1500€/mois (en incluant les charges).Il ne peut pas y avoir de retour à la croissance avec une augmentation exponentielle de la productivité liée aux progrès techniques aboutissant par exemple à la suppression des postes de caissière dans les supermarchés (tendance actuellement en cours).Il ne peut pas y avoir de retour à la croissance avec un "stock" de millions de chômeurs.Il ne peut pas y avoir de mise à niveau entre une zone Asie de 3 milliards d'habitants d'un côté et une zone Europe/Etats-Unis de 800 millions d'habitants. Nous serons mathématiquement tous au chômage que tous nos amis asiatiques n'auront pas encore trouvé du travail. Bref qu'elle que soit la politique choisi et pour autant qu'elle puisse diverger sur une période supérieure à un an ce qui est loin d'être évident, alors le monde ne pourra pas faire l'économie d'une récession d'autant plus forte que l'on aura tout fait pour la retarder.Peu importe la cause, que ce soit par la rigueur ou l'hyperinflation, le monde développé se dirige vers une récession qui semble marquer l'avènement de l'Asie sur la scène internationale et pourrait au passage entrainer la mise en place d'un nouvel ordre monétaire. D'ailleurs, hier Jean-Claude Trichet a quelque peu atténué ses propos sur la gravité de l'inflation. Le résultats a été des mouvements financiers violents. L'euro a fortement baissé face au Dollar. Le pétrole et l'or ont décroché, l'argent s'est effondré. Mais ce mouvement, n'est qu'une pause, dans une tendance lourde de dépréciation des monnaies vis à vis des actifs tangibles. Beaucoup y laisseront des plumes. Charles SANNATsannatcharles@yahoo.fr |
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 | |  | Re: Charles Sannat / billets d'humeur par g.sandro Dim 8 Mai 2011 - 15:46 | |
| Que dire ? Sinon, que cet exposé semble empreint d'une réelle lucidité...
Silver is king, Go Gold !
G.Sandro pas de copier collé: merci de faire un lien vers ce post. Suivez Hardinvestor sur Twitter et sur Facebook |
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